Cerveau blessé (AVC, traumatisme crânien): Survivre puis vivre...

Pour la Semaine du Cerveau 2021, l'Hôpital du Valais a organisé des conférences en ligne. Nous avons suivi l'une d'entre elles.

Pour la Semaine du Cerveau 2021, l'Hôpital du Valais a organisé des conférences en ligne. Nous avons suivi l'une d'entre elles.

Source: Pixabay


Au vu des mesures sanitaires actuelles, la Semaine du Cerveau 2021 s’est déroulée en ligne. Le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) et l’Hôpital du Valais ont organisé des visio-conférences pour l’occasion.

Jeudi 18 mars, l’Hôpital du Valais organisait une visio-conférence intitulée Cerveau blessé (AVC, traumatisme crânien): Survivre puis vivre. La rencontre était divisée en deux parties: premièrement, ce sont des médecins de la Clinique Romande de Réadaptation qui sont intervenus. Puis, Eric et Christine Chabloz, parents d’un enfant cérébrolésé, et Christian Salamin, touché par un AVC et membre de FRAGILE Valais, ont témoigné.

 

Faire face, faire avec?

La première intervention était animée par le Dr Jean-Luc Turlan de la Clinique Romande de Réadaptation. Il est notamment revenu sur les changements dans la situation des personnes victimes d’une lésion cérébrale, mais également leurs impacts pour leurs proches et la société en général. Les lésions cérébrales sont encore mal connues par tout un pan de la société, notamment le patient lui-même. Il peut parfois être difficile de «renaître». Notamment parce que la victime n’a plus de souvenir de l’accident. Une fois réveillée, celle-ci se retrouve face à une nouvelle situation: des ressources cognitives amoindries, des troubles qu’elle ne connaissait pas auparavant. L’entourage de la personne touchée se retrouve également fragilisé par ses changements de comportements et troubles émotionnels. Malgré une empathie sociale, la reconnaissance des lésions reste faible. De plus, les soutiens financiers sont limités.

 

Lésions cérébrales: retrouver sa vie et sa voie

La seconde conférence était menée par le Dr Andreas Mühl et le Dr Luc Feider de la Clinique Romande de Réadaptation. Le Dr. Mühl a notamment évoqué les termes de psychologie positive et de résilience. En effet, l’intérêt est souvent porté aux déficiences pathologiques, mais rarement aux ressources de la personne touchée. Ces dernières sont individuelles et peuvent changer au cours du temps. Pour permettre de comprendre le processus, le Dr. Mühl a évoqué le parcours d’une personne cérébrolésée: au début, elle se retrouve dans un hôpital, sur un lit sans bouger, avec beaucoup de personnel soignant l’entourant. Puis, la période de réadaptation commence: le patient peut redevenir actif, mais reste toujours entouré. Mais une fois qu’elle peut retourner à la maison, la personne cérébrolésée est souvent isolée et doit s’habituer aux nouveaux changements. Cette situation peut conduire à des formes de découragement. C’est alors que la résilience intervient: il s’agit de la capacité à devenir plus fort, en meilleure santé après un épisode douloureux. La personne a des capacités et des connaissances qui lui permettent de se développer malgré les résistances. La résilience n’est pas seulement liée à la personne concernée, mais aussi à l’environnement social et physique. Le Dr. Mühl a également ajouté la notion d’agency, à savoir la capacité d’une personne à prendre ses propres décisions en toute liberté. Enfin, comme conclusion, le docteur a rappelé que les émotions positives peuvent s’apprendre: il faut avoir confiance en l’entourage, passer à l’action, trouver une visée ludique, s’émerveiller et créer une routine.

Le Dr. Feider a ajouté une réflexion philosophique sur la justice dans le monde: tout le monde n’a pas la même croix à porter, ni les mêmes forces pour faire face aux difficultés. Grâce à des stratégies de «coping», c’est-à-dire un soutien social, le patient peut faire face aux difficultés.
 

Accueillir mon enfant après un accident: devenir parent et coach

Dimitri Chabloz a été victime d’un accident de la voie publique en 2012. Il est alors âgé de 18 ans. Il subit un traumatisme cranio-cérébral sévère. Après des semaines à l’Hôpital, Dimitri intègre la Clinique Romande de réadaptation. Malgré de nombreux progrès, Dimitri ne peut plus vivre seul, c’est pourquoi on lui propose de s’installer aux Foyers Valais de Cœur. Mais ses parents, Eric et Christine Chabloz, souhaitent lui offrir la possibilité de revenir vivre à la maison. Mais de nombreux ajustements ont été nécessaires: ce n’était pas envisageable autrement pour les parents. Il a fallu faire face au choc, qui a créé un «tsunami familial». Après une période de révolte, toute la famille a dû retrouver un rythme, une organisation avec une grande volonté de continuer et de se battre. Le couple témoigne d’un équilibre fragile, à ajuster sans arrêt. Mais cette force de continuer leur vient de leur fils qui se montre très volontaire.

 

Comment remonter la pente (et sur le vélo…) après un AVC

Christian Salamin est touché par un AVC massif en 2015. Alors qu’il était au travail, un collègue remarque une paralysie sur son visage. Christian répond à ses questions de manière erronée. Le temps que son ami appelle les secours, Christian est déjà tombé de sa chaise. C’est alors qu’un cauchemar commence pour Christian. Après des semaines passées à l’hôpital, il intègre la Clinique Romande de réadaptation. Il concède avoir été dans un déni complet de sa situation pendant les premiers mois de convalescence. Puis, avec beaucoup de courage, il décide de se battre. Il comprend que ce ne sont pas les médecins qui vont le guérir, mais c’est lui-même. Il doit découvrir son nouveau corps, son nouveau fonctionnement. Son leitmotiv est d’être toujours positif, malgré le sentiment d’humiliation. Grâce à son passé d’entrepreneur et de sportif, il sait gérer les situations de crise et se dépasser lui-même. C’est pourquoi il s’est lancé le défi de parcours plus de 5 400 km à travers l’Europe et lance le projet Ride for Stroke. Même s’il reconnaît ne pas encore avoir accepté la situation, il a su s’adapter. Il a appris à vivre avec des choses simples et essentielles.