La « neuroréhabilitation », c’est quoi ?
En introduction, Anne Baechler, journaliste à la RTS et modératrice de la conférence, a tenu à revenir sur la notion de « neuroréhabilitation ». Ce terme, on fait référence à évoque l’idée de faire refonctionner les nerfs/câblages qui lient le cerveau et le corps, soit de restaurer cette communication.
Les technologies à portée de la main
Premier intervenant, le Dr Stefano Carda (Service de Neuropsychologie et de Neuroréhabilitation du CHUV) a présenté différentes évolutions technologiques en lien avec la plasticité cérébrale (récupération neurologique), suite à une lésion du cerveau. En voici quelques-unes :
- « La montre connectée » : cette technologie est utile lors de troubles exécutifs, comme la difficulté à planifier des événements. On peut s’en servir pour programmer une multitude de rappels.
- « La semelle connectée » : fonctionnant comme un GPS, elle permet de géolocaliser la personne qui marche. Elle est utile en cas de problèmes cognitifs comme le fait de se sentir désorienter ou de se perdre à maintes reprises.
- La « maison connectée » est un développement technologique qui permet de gérer sa maison à distance. Vous avez oublié d’éteindre une plaque de votre cuisinière ? Une application vous prévient.
Selon le Dr Stefano Carda, nous sommes passés à une nouvelle ère en 15 ans. Les technologies sont moins chères, plus accessibles et s’introduisent dans la vie quotidienne. Bilan positif !
Une prothèse à fleur de peau
Le Dr Edoardo D’Anna (EPFL) a ensuite présenté les recherches relatives au développement technologique des exosquelettes pour la main, faites à l’EPFL. Le laboratoire travaille à la fois sur le contrôle de la main par le cerveau, les sensations de la main envoyées au cerveau et la sensibilité proprioceptive (conscience des membres du corps dans l’espace). En savoir plus
Le cerveau malléable à l’épreuve des thérapies
C’est l’adaptation prismatique, une technologie développée par le CHUV dans les cas d’héminégligence, qu’a choisi de présenter le Dr Sonia Crottaz-Herbette (Service de Neuropsychologie et de Neuroréhabilitation du CHUV). L’héminégligence, soit un déficit dans la partie gauche du cerveau lié à une lésion dans la partie droite du cerveau, est un problème durable, arrivant souvent suite à un AVC. Le cerveau du patient a de la difficulté à détecter ce qui se trouve dans la partie gauche du champ de vision. L’adaptation prismatique se fait via une paire de lunettes corrigée de telle manière à pousser le cerveau à détecter ce qui se trouve à gauche.
Patient, famille et société
Notre collaboratrice Christine Jayet-Ryser a clos la soirée en poussant le public à la réflexion. Aujourd’hui, 10% de la population mondiale est en situation de handicap. Le handicap est défini comme une « restriction de participation » et une « limitation d’activité », selon la CIF, une personne en fauteuil roulant ne serait pas en situation de handicap si l’ensemble de son environnement et de la société de manière générale était adapté à elle. Ainsi, l’idéal serait que la technologie s’adapte à la réalité de chaque personne. Les défis pour l’avenir sont nombreux. Il faudrait d’abord rendre les nouvelles technologies accessibles à tous. Elles devraient aussi être discrètes afin de rendre les conséquences et déficiences plus invisibles. Enfin, elles devraient être personnalisées pour permettre une vraie participation sociale.
À la fin de sa présentation, une personne du public a affirmé qu’il était plus facile de se changer soi-même plutôt que de changer la société. Christine Jayet-Ryser lui a malicieusement répondu que si tout le monde se changeait, alors la société changerait. L’émotion était palpable dans la salle. Un message fort et plein d’espoir.