Cet été, ce n’est pas facile d’atteindre Arthur Gonser. Âgé de 68 ans, il habite avec sa femme à Auslikon, dans l’Oberland zurichois. Dans une ancienne ferme, le «Sunnegrund», il cultive des herbes aromatiques et médicinales. Plantations, cultures, transformations s’effectuent à la main, et les Gonser font tout eux-mêmes. Ils écoulent leurs produits principalement dans les magasins Coop qui les vendent sous le label «Ma région». Pourtant, Arthur Gonser n’a pas toujours cultivé des herbes. Auparavant, il exerçait comme neuropsychologue, tout d’abord à l’Hôpital universitaire de Zurich, puis à l’Hôpital de l’Île à Berne, ensuite à la clinique de réadaptation de Zihlschlacht, comme neuropsychologue chef de service, et enfin dans son propre cabinet à Zurich. C’est en 1989 qu’Arthur Gonser a eu l’idée de fonder FRAGILE Suisse.
A l’époque, le nombre de personnes traumatisées craniocérébrales est en constante augmentation, principalement du fait des accidents de la circulation. Arthur Gonser est attentif à cette évolution. «On ne se rendait pas encore compte des séquelles invisibles des lésions cérébrales et de leurs conséquences dans la vie des personnes cérébrolésées et de leurs proches. Dans ces conditions, ils se sentaient incompris de leur entourage», se souvient-il. De premiers groupements voient le jour pour défendre les intérêts des personnes cérébrolésées. Arthur Gonser et l’ergothérapeute Rosa Astrid Frei, qu’il avait connue à l’Hôpital universitaire de Zurich, décident de mettre des ressources en commun à l’échelle nationale. «Nous étions convaincus que l’union faisait la force. Nous voulions sensibiliser l’opinion et la politique pour donner un lobby aux personnes cérébrolésées.»
Arthur Gonser et Astrid Frei prennent contact avec différentes personnes: les membres du groupe d’entraide zurichois des proches et amis des personnes cérébrolésées, la neuropsychologue Erika Schwob, fondatrice en 1987 de l’association régionale d’aide psychosociale pour les personnes cérébrolésées, Erika Liniger, secrétaire générale de Pro Infirmis, le Dr Christoph Heinz, médecin-chef de la clinique de la SUVA à Bellikon et le Dr Peter Zangger, directeur du service de neuroréadaptation de cette clinique. Tous accueillent l’idée d’unir les ressources avec enthousiasme. Et c’est ainsi que plus de 40 spécialistes, personnes cérébrolésées et proches s’unissent afin de fonder l’«Association suisse pour les traumatisés craniocérébraux» (ASTCC), devenue ensuite FRAGILE Suisse.
Pendant plusieurs mois, un groupe de travail de 14 personnes se réunit régulièrement pour préparercette étape décisive. L’assemblée fondatrice a lieu le 23 juin 1990 à l’Hôpital de l’Île à Berne; 112 personnes y participent. «Nous débordions d’enthousiasme et d’optimisme», se souvient Arthur Gonser, élu membre du comité avec Erika Liniger et 10 autres personnes. L’assemblée désigne Peter Zangger comme président-fondateur.
Rétrospectivement, Arthur Gonser est convaincu que FRAGILE Suisse est devenue, comme ses fondateurs le désiraient, une actrice et une partenaire importante du système de santé: «FRAGILE Suisse a favorisé durablement l’ouverture au public de la thématique des lésions cérébrales.» Selon lui, il reste cependant du chemin à parcourir.
Arthur Gonser est resté membre du comité jusqu’en 2001 et a continué d’exercer comme neuropsychologue jusqu’en 2013. Puis, il a fermé son cabinet pour s’adonner à la culture des herbes médicinales et aromatiques. «Je me suis toujours senti très proche de la nature. J’ai fait une formation initiale d’un an dans l’agriculture.», explique-t-il, «Mon jardin était devenu trop petit, et j’aime beaucoup les travaux agricoles.»
Texte: Annette Ryser