Journée dédiée aux traumatismes craniocérébraux à la Haute Ecole de Santé vaudoise

Mercredi 9 mai 2018 - FRAGILE Vaud était invitée à l'HESAV, dans le cadre de la journée dédiée aux traumatismes craniocérébraux (TCC).

Mercredi 9 mai 2018 - FRAGILE Vaud était invitée à l'HESAV, dans le cadre de la journée dédiée aux traumatismes craniocérébraux (TCC).

Crédits HESAV


14h15

FRAGILE Vaud a une heure pour sensibiliser les 150 étudiants présents dans la salle aux traumatismes craniocérébraux (TCC) et à leurs conséquences. L’intervention se déroule en deux parties. La première est consacrée à deux témoignages forts en émotion, tandis que la seconde présente l’association et ses différentes prestations.

Témoignage de Jean M., cérébrolésé

Tout commence avec le témoignage de Jean M., membre de FRAGILE Vaud et victime d’un traumatisme craniocérébral. Il y a 28 ans, Jean est victime d’un grave accident de la route. À l’époque, les réglementations du code de la route n’étaient pas aussi claires qu’aujourd’hui. Il n’a pas mis sa ceinture de sécurité. Alors qu’il s’endort au volant, il percute un poteau et est éjecté de sa voiture. Les secours agissent vite et le transportent à l’hôpital le plus proche. Quelques heures plus tard, il sort du coma. «Le miraculé», le surnomme-t-on.

Entre séances de rééducation et incompréhension de l'entourage

Après de nombreuses séances de physiothérapie et d’ergothérapie, il sort trois mois plus tard de l’établissement de réhabilitation dans lequel il avait été transféré. Il pense avoir récupéré l’ensemble de ses capacités mais il confie aux étudiants: «Tout cela, c’était de la poudre aux yeux». À l’époque, il se heurte à l’incompréhension de ses proches qui pensent: «Jean va mieux, il peut marcher et rigoler. Faut qu’il recommence à travailler», raconte-t-il. Ebéniste indépendant, il met tout en œuvre pour reprendre son activité mais se voit obligé de réduire son pourcentage de temps de travail. Parmi les séquelles de l’accident, il souffre d’une grande fatigue, l’une des conséquences invisibles des lésions cérébrales. L’émotion se ressent dans sa voix. Il reprend sa respiration et termine sa présentation. Le sourire aux lèvres, il est heureux de pouvoir sensibiliser les futurs soignants qui l’écoutent attentivement. 

Témoignage de Josiane P., proche

Ce témoignage poignant est suivi de celui de Josiane P., membre du Comité de FRAGILE Vaud et proche. Son fils Yann est cérébrolésé. Alors qu’il était en voyage au Guatemala, Yann est attaqué par une bande armée, l’année de ses 30 ans. «Non, ce n’est pas un film», dit sa maman. Trois balles atteignent la tête de Yann. Lui aussi, c’est un miraculé.

Miraculé, mais touché par de graves séquelles

Il survit, mais rien ne sera plus comme avant. Les séquelles de son accident sont multiples, en particulier au niveau de son comportement. Irritable, il se fâche pour des détails et est débordé par des choses qu’il maîtrisait auparavant. Fatigue, frustration, difficultés à se concentrer ou dans les interactions sociales. Peu de tolérance au bruit et achats compulsifs. Ainsi, il y a bel et bien un «avant» et un «après» l’accident. Mais il y a aussi du positif: la bonne humeur, l’oubli de certaines contrariétés, la tolérance à certaines contraintes, la volonté de faire mieux même si, dans l’action, c’est bien souvent oublié. La résilience: il s’agit de rebondir, de s’en sortir, de tout tenter malgré les frustrations, de découvrir de nouveaux intérêts et de nouvelles forces. Elle affirme: «Les personnes qui ont subi un traumatisme sont très courageuses, souvent patientes face à leur situation et ne restent pas dans la révolte. Et nous, parents et familles, nous devons nous adapter, apprendre, comprendre et mettre toute notre affection en éveil pour pallier les changements profonds et subtils qui interfèrent constamment avec le bon déroulement de la vie en commun». Touchés par ces mots, les élèves l’applaudissent. Les proches aussi font preuve de courage.