Pourquoi t’intéresses-tu aux lésions cérébrales?
Le fonctionnement cérébral m’a toujours intéressé. Durant mes études de psychologie, je me destinais à étudier les maladies dégénératives comme Alzheimer. Lors de mes premiers stages, j’ai été confrontée aux aléas de la recherche et je me suis rendue compte que le diagnostic neuropsychologique me passionnait. C’est donc tout naturellement que je me suis formée et spécialisée dans cette discipline, qui n’a depuis jamais cessé de me passionner.
Tu travailles chez FRAGILE Suisse depuis maintenant 14 ans: Pourquoi FRAGILE Suisse et comment expliques-tu cette longévité?
Lorsque je travaillais comme neuropsychologue, je fuyais les familles par manque de temps, par crainte de ne pas savoir quoi leur dire ou quelles réponses donner à leurs questions. Peu à peu, j’ai réalisé cela et lorsqu’un membre du comité de FRAGILE Suisse avec lequel je collaborais à l’hôpital m’a parlé du projet d’étendre le service de conseil à la Suisse romande, je n’ai pas hésité. J’avais enfin la possibilité de prendre soin des familles, de savoir ce que les personnes cérébrolésées expérimentent dans leur vie quotidienne. Et je ne regrette pas une seconde. La vie de l’hôpital, l’ambiance des services, le contact avec le personnel soignant et le diagnostic neuropsychologique me manquent parfois, mais les relations que j’ai pu nouer avec les personnes cérébrolésées et la leçon de vie qu’elles me donnent à chaque rencontre sont tellement fortes et enrichissantes que je ne voudrais pas revenir en arrière.
De plus, le travail chez FRAGILE Suisse est très varié, surtout en Suisse romande où nous sommes une toute petite équipe qui travaille main dans la main. Les projets sont variés et les défis énormes, donc je ne m’ennuie jamais. Il y a bien sûr eu des périodes plus difficiles, mais je sais que les changements font partie de la vie et qu’il faut savoir les accueillir avec leur lot d’incertitudes et de regrets, mais aussi avec leur potentiel de renouveau.
De quoi es-tu fière dans ton travail?
Je suis fière de pouvoir soutenir les personnes cérébrolésées et leurs proches. Je suis également fière de contribuer au développement de nos formations, notamment pour les professionnels et de pouvoir ainsi contribuer à une meilleure prise en charge des personnes concernées.
Qu’aimerais-tu dire à FRAGILE Suisse?
Cher FRAGILE Suisse, tu as maintenant 30 ans. C’est l’âge de tous les possibles et il reste encore tant à faire pour les personnes cérébrolésées! Alors, si parfois c’est difficile, si tu te décourages devant l’ampleur de la tâche, regarde ce que tu as accompli en 30 ans, les épreuves que tu as pu surmonter et va de l’avant, ne perds pas tes missions de vue! Pense à toutes les personnes qui t’ont créée et que tu as soutenues, célébre-les et applique-toi à les soutenir et les défendre pour les 30 prochaines années!
Interview: Sophie Roulin-Correvon